Nouveau logo, nouvelle identité, record d’affluence pour une rencontre de Ligue Butagaz Energie… Promu cette saison parmi l’élite, Strasbourg-Achenheim-Truchtersheim-Handball (SATH) ne cesse de faire parler de lui et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Aurélien Duraffourg, le manager général du club, n’élude rien et évoque la très belle dynamique des « Piraths » avant de recevoir les Dragonnes de Metz Handball, ce samedi à partir de 19h30 au Rhénus de Strasbourg, pour une rencontre d’ores et déjà historique.
Biberonné à l’ESBF Besançon, Aurélien Duraffourg avait crevé l’écran, au début des années 2010, sur le banc du Havre avec deux belles quatrièmes places en championnat (D1) avant de prendre le chemin d’Achenheim Truchtersheim Handball (ATH) en 2014. Depuis 2021, le jeune technicien a pris du recul pour devenir manager général du club alsacien. A ce nouveau poste, il s’éclate, formant un trident efficace avec le président Laurent Astier et l’entraîneur tchèque Jan Basny, prolongé il y a quelques jours.
Il faut se souvenir que les communes d’Achenheim et Truchtersheim comptent respectivement 2 500 et 4 500 habitants, soit 7 000 habitants. L’ATH a longtemps évolué en D2 et c’était déjà une sacrée performance. La montée en Ligue Butagaz Energie semblait inimaginable. On avait demandé le statut VAP (voie d’accession au professionnalisme) avec comme objectif de tenter notre chance à l’horizon deux-trois ans. Nous avons réussi ce pari fou plus tôt la saison passée en prenant la deuxième place derrière Stella Saint-Maur. Le maintien en Ligue Butagaz Energie paraissait impossible au coup d’envoi de ce championnat. On peut y croire avec cinq équipes dans un mouchoir de poche, avec quatre victoires (Nice, Toulon, Saint-Amand, Mérignac et le SATH) alors que Stella Saint-Maur est un peu décroché.
La Ville de Strasbourg est devenue partenaire institutionnelle le 1er aout 2023. Elle ne comptait pas d’équipe féminine de haut niveau, ce qui était totalement ubuesque. Il y a bien le Volley Mulhouse Alsace en Ligue AF, mais Mulhouse est à 1h20 de Strasbourg. On a rapidement trouvé un accord avec la Ville, et notamment pour l’organisation de quatre rencontres prévues le plus souvent à la Rotonde (1 270 spectateurs). Il devrait y en avoir plus lors de la saison 2024-2025. Nous restons une association qui prend soin de ses 510 licenciés. Les équipes de jeunes comptent autant à nos yeux que l’équipe professionnelle. On conserve nos valeurs puisque la partie associative est toujours basée à Truchtersheim. C’est également le cas des U11 et U13 par exemple.
C’est dans l’ère du temps. Toutes les équipes ont un surnom : Metz Handball avec les Dragonnes, Brest avec les Rebelles ou Nantes avec les Neptunes. L’idée est visiblement intervenue lors d’un déplacement des filles, lors d’un arrêt sur une aire d’autoroute. Il y avait des jeux pour enfants, dont un bateau qui faisait penser à un bateau pirates et c’est parti comme ça. Et puis Piraths, ça se termine par ATH et le S de Strasbourg que l’on peut mettre à toutes les sauces.
Notre club est ultra vertueux et l’un des rares à se montrer positif financièrement (+ 600 000 euros l’an dernier). Le budget a été multiplié par 3,5 en quatre ans. Il est passé de 850 000 à 1,4 million d’euros cette saison. 30% de celui-ci provient des collectivités et partenaires publics. Nous avons 70% de recettes propres comme la billetterie, le merchandising, la buvette ou la boutique, dont 50% de partenaires privés. On possède aujourd’hui 130 partenaires, sponsors ou mécènes. On a encore besoin de se développer et de passer un gap financier. L’objectif est d’atteindre rapidement les 2 millions d’euros.
Il ne date pas d’hier. L’idée est née en voyant les copains et les copines de la SIG Association disputaient leur demi-finale de la Coupe de France au Rhenus face au Basket Landes de l’icône Céline Dumerc (58-73). Il y avait 5 232 spectateurs dans les tribunes et la soirée demeure indélébile pour beaucoup d’entre-eux.
On a joué de notre côté deux rencontres en une semaine à la Rotonde, face à Nice, puis Chambray, mais on avait anticipé et ciblé depuis longtemps cette date du 24 février, entre la Leaders Cup de basket à l’Arena Saint-Etienne Métropole et avant la trêve internationale. Le Rhenus était donc libre. On a effectué une demande auprès de la Fédération Française de Handball avant la sortie du calendrier. On souhaitait absolument une formation de Ligue des Champions, soit Brest soit Metz Handball. Elle a joué le jeu avec le champion de France pour un très beau derby du Grand Est, l’une des 4-5 meilleures équipes d’Europe, avec dans ses rangs une championne olympique (Chloé Valentini) et des championnes du monde (Chloé Valentini, Hatadou Sako, Camille Depuiset, Lucie Granier et Sarah Bouktit).
La billetterie a marché du tonnerre. Il n’y a plus une place à vendre, une semaine avant la rencontre. On ne peut jamais s’attendre à un tel engouement, mais c’est la preuve qu’il y a la place pour un grand club de sport féminin à Strasbourg. 1 000 partenaires VIP seront présents. Nous avons également invité 30 clubs du Bas-Rhin et d’Alsace. Metz Handball n’est pas en reste grâce à l’excellent travail de Greg Muller, avec près de 400 supporters. Cette rencontre entre les Piraths et les Dragonnes sera une belle fête du handball féminin et légitime un peu plus notre projet qui repose sur trois piliers : le sportif, l’éducation des jeunes et l’économie. Pour faire vivre les deux premiers, il faut faire tourner le troisième dans une vision très circulaire. On ne souhaite pas faire un coup dans l’eau, mais vraiment s’implanter de façon pérenne et franchir les étapes les unes après les autres, sans les brûler et sans se brûler. C’est pour ça que l’aspect vertueux nous tient à coeur.
Je viens de deux grandes cathédrales du handball féminin : l’ESBF Besançon et Le Havre. Metz Handball en est une autre, sans doute la plus belle de France depuis de nombreuses années. Le projet du SATH se construit doucement, mais sûrement. J’ai mes convictions personnelles et j’essaie de mettre ma pierre à l’édifice. C’est un autre métier qu’entraîneur, mais je suis totalement épanoui en adéquation avec le projet.
Propos recueillis par Arnaud Demmerlé
« C’est une très belle initiative et une mise en avant intelligente de la Ligue Butagaz Energie. Ça doit donner des idées à d’autres clubs d’aller chercher de plus grandes salles au moment d’affronter Brest ou Metz Handball. Les Arènes de Metz ne nous permettent pour l’instant pas de battre ce record, mais pourquoi pas un jour à Nancy ou au Galaxie d’Amnéville », explique Grégory Muller, le directeur du service commercial de Metz Handball avant de revenir sur le déplacement de près de 400 supporters au Rhenus. « Nous avons droit à 10% de la valeur, de la capacité de la salle, c’est-dire 550 supporters. Metz Handball est le seul club français à déplacer autant de supporters. Nous l’avons prouvé par le passé lors d’une rencontre de Ligue des Champions à Dortmund ou lors des deux participations au Final Four à Budapest. Sportivement, ce n’est pas l’enjeu qui nous amène à faire ce court déplacement, mais c’est une belle promotion de Metz Handball et du handball féminin français. Et on l’espère, un premier déplacement qui en amènera d’autres pour le mur jaune d’ici la fin de la saison. »
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