Malgré les difficultés pour finir la rénovation de son stade, le FC Metz parvient à tirer la quintessence de Saint-Symphorien dont il est propriétaire depuis 2018. Entre le Cercle des Paraiges, le nouvel espace de coworking à venir et les importants loyers avec l’arrivée de deux médias (Direct FM et Moselle TV) dans La Tribune Sud, le club de Bernard Serin fait fonctionner l’enceinte située à Longeville-lès-Metz près de 365 jours par an.
Le stade Saint-Symphorien a changé de propriétaire en 2018. Longtemps locataire de la Ville de Metz, à qui il payait depuis janvier 2013 un loyer forfaitaire déterminé en fonction de la division dans laquelle il évoluait (gratuité en National, 200 000 €/ an en Ligue 2 et… 500 000 €/ an en Ligue 1), le FC Metz a signé, cette année-là, une convention avec cette dernière qui lui permet désormais d’être « gestionnaire » et « maître d’ouvrage » de l’enceinte située à… Longeville-lès-Metz pendant 50 ans via un bail emphythéotique. « Le club est désormais ici chez lui. Il doit simplement entamer, dans les plus brefs délais, les travaux de rénovation de la tribune Sud. C’était en quelque sorte la seule condition à l’accord », avait expliqué le maire de Metz de l’époque, Dominique Gros.
Il n’y a donc aucune contrepartie financière contrairement au RC Lens ou au PSG. Le club artésien utilise à sa convenance le stade Félix Bollaert depuis 2002, via la signature d’un contrat de bail emphythéotique d’une durée de 50 ans mais moyennant le versement d’une redevance annuelle (438 354 €HT) à la Ville de Lens. Le futur champion de France de Ligue 1 a longtemps cherché à racheter le Parc des Princes à la mairie de Paris, lui qui dispose depuis 2014 d’un bail emphythéotique de 30 ans, mais contre un loyer d’un million d’euros par an. En froid avec Anne Hidalgo, la maire de Parie, le président parisien Nasser Al-Khelafi cherche désormais un nouveau point de chute. Gonesse ou Châteaudun font d’ailleurs de l’œil et même un peu au PSG.
Le FC Metz appartient désormais à un cercle à la fois très fermé et très prisé. Celui des clubs propriétaires de leur stade. Il y a évidemment l’Olympique Lyonnais qui est une exception parmi les exceptions. L’ex-président rhodanien Jean-Michel Aulas a entièrement construit, sur fonds privés, le nouveau Parc OL (renommé depuis Groupama Stadium via un accord de naming) à Décines-Charpieu pour la bagatelle de 480 M€. Il faut y ajouter quatre pensionnaires de Ligue 2 : le SCO d’Angers quelques jours après le FC Metz (avril 2018, un bail emphythéotique administratif de 35 ans), l’AJ Auxerre depuis la création de l’Abbé-Deschamps par son fondateur en 1918 et les deux clubs d’Ajaccio, l’AC et… le Gazélec. Celui-ci a racheté en janvier 2016 pour un million d’euros les droits de propriété à la la Caisse centrale d’activités sociales. Le FC Nantes rêvait également d’un nouveau stade privé de 40 000 places, au centre du projet urbain YelloPark, mais le projet a été abandonné.
Serpent de mer pendant de longues années, la rénovation de Saint-Symphorien a donc vu le jour, au grand bonheur de Bernard Serin, qui en avait fait sa priorité. A commencer par la vétuste Tribune Sud. Inaugurée en janvier 2021, portant la capacité à environ 27 000 places, elle devient le réel poumon du stade avec de nombreuses activités en dehors des jours de match : séminaires, convention, restauration et, surtout, le Cercle des Paraiges qui accueille les grandes personnalités de la région (Patrick Weiten, François Grosdidier, Franck Leroy), mais aussi nationales (Alain Juppé, François Hollande, Henri Leconte).
Depuis le printemps et l’été 2022, La Tribune Sud accueille également en son sein deux médias qui ont depuis longtemps noué des relations étroites avec le FC Metz : Direct FM de Stéphane Leydecker et Moselle TV de Jérôme Bergerot. Le loyer est important et permet une importante entrée d’argent. Un nouvel espace de coworking est également opérationnel depuis mois et accueille le district mosellan de football cher au président Christophe Sollner.
A cause du Covid 19 et d’autres problèmes comme la faillite de Mediapro, le FC Metz a dû interrompre ses travaux. Même si un premier angle (Sud-Ouest) a été construit par la suite et inauguré en août 2022, il reste, prioritairement, encore à ériger l’angle Nord-Ouest, peut-être l’angle Sud-Est et une enveloppe qui devait couvrir 80% d’un stade qui peut pour l’instant accueillir à son maximum 28 786 spectateurs. Pour atteindre le cap des 30 000 places, il va encore falloir s’armer de patience.
Arnaud Demmerlé