Les Internationaux de Strasbourg deviennent le troisième plus gros tournoi de tennis en France après avoir obtenu une classification WTA 500, issue de la fusion des tournois féminins lyonnais et strasbourgeois. De quoi peser sur l’aura économique de l’événement.
Les tournois WTA de Strasbourg et Lyon fusionnent : avec ça, le chiffre d’affaires du tournoi devrait doubler. Avec une estimation à 4 millions d’euros en 2024, il faut développer ses sources de financements au vu des charges annoncées. Denis Naegelen, directeur du tournoi des Internationaux de Strasbourg, tournoi féminin sur terre battue, et président de la société Hopis, en charge de l’organisation de ce dernier, voit en cette transformation l’opportunité de « rendre le tournoi plus at- tractif ». L’affiche devrait en effet s’enrichir de hauts noms du circuit féminin et permettre de fait de faire gagner en visibilité les valeurs portées par la WTA depuis sa création en 1973 par Billie Jean King (cé- lèbre joueuse américaine).
Basés sur des principes d’égalité femme-homme et d’éco-responsabilité, les Inter-nationaux de Strasbourg, forts de 25 000 spectateurs en 2023, s’apprêtent à passer au niveau supérieur. « C’est aussi un moyen de se maintenir question visibilité et qualité », explique Denis Naegelen, « en effet, si sur cette semaine 21 du calendrier s’était tenu un tournoi 500 et que nous avions joué un 250, nous n’aurions pas pu avoir une affiche aussi attractive en termes de participantes ». Un pari sur l’avenir qui se chiffre à plusieurs millions d’euros. « Si vous créez un WTA 500, il vous en coûtera environ 15 millions d’euros », le fait de fusionner deux 250 sur cette semaine 21 pour créer ce 500 réduit néan- moins l’apport à fournir.
Dans le monde du tennis, un tournoi est un actif. Revendable, louable… Il faut lui adjoindre une semaine du calendrier. Le choix de la fusion permettait de candidater à ce 500 et de réduire les coûts. Restait à décider du lieu de tenu de l’évènement. « Ce sera Strasbourg », annonce le direc- teur des IS. « Notre date permet de se placer en préparation de Roland Garros, et notre marketing est déjà bien rodé après 37 ans de tenue des IS ». Les enjeux sont considérables, et 2024 sera une étape à franchir.
Si des candidatures pour un 500 ont été ouvertes, c’est que la WTA souhaite développer et clarifier le circuit féminin pour le faire gagner en visibilité. Rejointe dans ce projet par le fonds d’investissement CDC Capital Partners du Luxembourg (137 milliards d’euros d’actifs et qui détient désormais 20 % des parts de l’activité), elle profite de l’expertise marketing et du financement de ce fonds d’investissement déjà impliqué dans le football. Pour Strasbourg, accueillir un 500 signifie surtout de voir plus grand. Le court central s’agrandit, les prix distribués aux joueuses flirteront avec le mil- lion (contre 250 000 euros en 2023) et sont appelés à atteindre 1,5 million en 2027, des rénovations sont à effectuer sur les aména- gements existants, et -de façon générale- les standards seront revus à la hausse en conséquence. Cela permettra notamment de repenser le site de six hectares comprenant 26 courts implantés face au Parlement européen. « Il va falloir répondre à un nou- veau cahier des charges, mais aussi une plus grande capacité du stade. Nous y réfléchissons avec la Ville de Strasbourg », indique le directeur.
Alors, comment fait-on pour talonner Roland Garros et le Rolex Paris-Masters ? « Nous nous appuierons sur les leviers de financement habituels. À savoir, la billetterie : l’augmentation sera justifiée avec la présence des plus grandes pointures du tennis féminin ; le sponsoring : en développant et multipliant nos partenariats ; l’hospitalité : en développant les offres et la qualité de services proposés aux entreprises et les différents pass et prestations « clefs en main » ; mais aussi le « betting », les paris sportifs et la data sur laquelle nous récupérons un pourcentage et bien sûr les droits télévision puisque nous prévoyons une rediffusion à l’international dans plus de 150 pays. » Une ligne directrice claire et précise.
Le directeur des IS ne manque pas de le rappeler mais les joueuses de tennis ont encoreungapde30%à40%àcombler en matière de revenus afin de prétendre à l’égalité avec leurs collègues du circuit masculin. « Et on ne baissera pas les revenus des uns, alors autant augmenter l’autre », sourit-il. Car c’est le fer de lance du WTA depuis sa création : l’égalité salariale femme-homme. Une motivation qui explique l’augmentation des prix remis dès 2024. Il ne s’agit pourtant pas du seul étendard des IS et du tournoi à venir en 2024. Auparavant en partenariat avec l’Agence de la transition écologique Grand Est (Ademe) et désormais avec « Eco-manifestations Alsace », l’évènement ne manque pas de réaliser son bilan carbone. « Nous l’avons réduit de 80 % par rapport à ce qu’il aurait pu être avec son développement depuis 2010 », appuie Denis Naegelen. « Et l’idée est de continuer sur cette lancée ». Des conseils sont délivrés par l’organisme tout au long de l’organisation de l’évènement. Grâce à un projet de compensation carbone effec- tué localement depuis 2021, les IS ont obtenu le Label Bas Carbone, délivré par le ministère des Sports, en partenariat avec le ministère de la Transition écologique. Le procédé ? Un financement des plantations d’arbres sur les forêts alsaciennes. Il s’agit du premier évènement sportif détenteur du Label. Des valeurs qui se veulent « inspirantes » alors que ce nouveau 500 s’apprête, en 2024, à devenir le troisième évènement du tennis en France.