L’ancien capitaine emblématique du FC Metz, Sylvain Kastendeuch, est candidat à la présidence de la Ligue Grand Est de football, dont l’assemblée générale élective a lieu ce samedi 9 novembre. En face de lui se dresse Yann Leroy, président du District de Meurthe-et-Moselle. Qui succèdera à Albert Gemmrich ?
Depuis le 12 septembre dernier, Sylvain Kastendeuch est candidat à la présidence de la Ligue de football. Un acte qui « s’inscrit dans la suite logique de ma ligne de conduite de toujours », écrit l’ancien libéro du FC Metz. Entre autres vies. À 61 ans, le Mosellan a déjà écrit plusieurs pages d’une existence où le football a toujours été quelque part. Dans le jeu ou dans l’action, sur le terrain ou à côté, Sylvain Kastendeuch n’a jamais perdu le sens du but, tant celui qu’il faut marquer que celui que l’on se fixe.
Joueur de foot pour commencer et pas qu’un peu. Avec 578 matches, il est le deuxième joueur de champ à totaliser le plus grand nombre d’apparitions en Ligue 1. Bien que défenseur, il n’a jamais reçu un seul carton rouge dans sa carrière. Une carrière qui subit un coup d’arrêt en 2001. Son ancien coéquipier sur le terrain Albert Cartier succède à Joël Muller au poste d’entraîneur et écarte Kastendeuch. Il a 37 ans. On continue ? En neuf convocations en équipe de France, il a connu deux sélectionneurs : Henri Michel puis Michel Platini. Lorsqu’il a effectué son service militaire au bataillon de Joinville, il faisait chambre commune avec un certain Éric Cantona… Depuis 15 ans, il est chevalier de la Légion d’honneur. Le 27 juin dernier, il a porté la flamme olympique dans les rues de Metz.
Vous savez peut-être tout cela… Ou pas forcément, tant Sylvain Kastendeuch n’a jamais été de ceux qui s’épanchent ou s’enflamment. Discrétion et humilité », les mots sont diablement bien choisis pour un homme qui n’a jamais cherché la lumière mais l’a toujours attiré. Une silhouette qui impose toujours autant le respect. Un palmarès qui allume encore des étoiles dans les yeux des fans du FC Metz. Son passage en politique, dans l’équipe municipale de Jean-Marie Rausch, entre 2001 et 2008, n’a rien entamé de sa légende. Certains se seraient égratignés là-dedans. Pas lui. Il reste aujourd’hui très courtisé par les personnalités ayant en ligne de mire la mairie de Metz. Le prendre dans ses filets augmenterait automatiquement le casting d’un cran.
Ce samedi 9 novembre, il saura si son nouveau destin passe par la présidence de la Ligue Grand Est de football. Sa personnalité et son passé parlent pour lui. Mais son adversaire, Yann Leroy, possède également de sérieux atouts. Il est président du district de Meurthe-et-Moselle et bat le pavé depuis un an aux quatre coins de la région pour exposer sa candidature. « Il y a eu des échanges entre les présidents de district. J’ai entendu l’appel du pied de certains et constaté unanimement une volonté de passer à autre chose et de ne pas poursuivre avec l’équipe actuelle parce que ce qu’elle propose ne convient pas. J’y ai réfléchi et je me suis dit qu’il fallait agir, se positionner et être en capacité collectivement de proposer quelque chose. J’ai mis les pieds dans le plat en proposant d’être candidat. J’ai demandé si c’était une bonne idée ou si d’autres étaient intéressés. Et là, il n’y a pas eu l’ombre d’une désapprobation. Au contraire », a-t-il reconnu dans les colonnes de l’Est Républicain.
Yann Leroy peut compter sur le soutien Michel Aucourt, le président du district d’Alsace. Pourquoi ? Pour sa personnalité et car il redoute qu’une élection de Sylvain Kastendeuch nuise au football alsacien. « Il a su rassembler autour de lui l’ensemble des territoires, l’ensemble des districts et surtout une équipe très professionnelle. Monsieur Kastendeuch, je n’ai rien contre lui. C’est quelqu’un qui ressent bien qu’il y a une opportunité de rentrer dans une instance du football, lui qui a fait sa carrière dans le football d’abord professionnel, ensuite dans un syndicat des footballeurs professionnels. Il trouve là un repositionnement, un reclassement dans le football qui lui va bien, mais qui est très loin des préoccupations des clubs. Et puis le deuxième point, c’est véritablement une ligne rouge que je ne veux pas que l’on franchisse aujourd’hui. Je ne veux pas que l’Alsace, si le Grand Est passait sous la responsabilité de Monsieur Kastendeuch, devienne une succursale de la Moselle. Parce que la Moselle est en train de constituer une liste présidée par Monsieur Kastendeuch et qui recouvre plusieurs personnes mosellanes qui étaient dans la gouvernance précédente. J’appelle nos clubs en Alsace à voter massivement pour Yann Leroy parce qu’aujourd’hui il représente toutes les valeurs de ce football alsacien, ce football bénévole. On parle aujourd’hui d’un président (Sylvain Kastendeuch) qui souhaiterait être salarié, je m’élève contre ça. Je défends le bénévolat depuis dix ans et je ne vois pas pourquoi quelqu’un qui est débarqué dans cette Ligue du Grand Est serait rémunéré. Il n’en est pas question », a-t-il expliqué sur France Bleu. Réponse donc ce samedi 9 novembre.
Aurélia Salinas et Arnaud Demmerlé