Alors qu'il entame un contre-la-montre pour livrer à temps les tenues officielles des Jeux Olympiques, le Coq Sportif joue son avenir.
C’est ce qui s’appelle jouer avec le feu. Et dans le money-time d’un événement, les risques de se brûler grandissent un peu plus chaque jour. Le Coq Sportif a touché le jackpot en 2019 en étant choisi, au nez et à la barbe de Lacoste, pour habiller les athlètes de la délégation française (150 000 pièces) pour les Jeux Olympiques d’hiver à Pékin, puis les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris qui arrivent à grand pas. Il faut y ajouter les officiels et les arbitres (220 000 pièces), mais aussi le grand public (plus de 500 000 pièces) pour cet été. Un contrat en or pour l’enseigne française, dont la maison mère est basée dans l’Aube, à Romilly-sur-Seine, la deuxième commune du département avec près de 15 000 habitants.
Mais avant de se frotter les mains et paoner, faut-il encore remplir sa mission et produire les 1,3 million de pièces commandées. Et à 50 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, l’inquiétude grandit chez les organisateurs puisque les retards de livraison s’accumulent. « Il y a eu un glissement de dates pour livrer certaines fédérations, reconnaissait mi-mai Patrick Ouyi, directeur de la marque dans les colonnes du Figaro avant d’ajouter. Le cahier des charges est très complexe. Il peut y avoir des retards, qui sont relatifs et se gèrent au cas par cas avec chaque fédération. Mais il ne faut pas s’inquiéter. » Sauf que depuis les déboires continuent de s’accumuler pour Le Coq Sportif, suspendu de la bourse suisse depuis ce 3 juin. La raison ? Un retard dans la publication de ses résultats annuels, après une année 2023 catastrophique, marquée par une perte de 10 millions d’euros au premier semestre. Malgré un chiffre d’affaires de 140 millions d’euros, la société auboise, proche de la banqueroute, n’a été sauvée que par un nouveau prêt de 10 millions garanti par l’Etat pour honorer ses engagements auprès de l’équipe olympique française.
Tel un athlète, le Coq Sportif jouait déjà son avenir avant les Jeux Olympiques. Désormais, il se retrouve dos au mur et le défi est immense. Mais la victoire n’en sera peut-être que plus belle…
Arnaud Demmerlé